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Biographie

Le huitième volet discographique d'Yvan Marc a failli s'intituler « De mes mains ». Comme l'artiste à la force tranquille a déjà brillamment dévoilé sa belle maîtrise de bâtisseur de chansons, personne n'en aurait fait objection.

Qu'importe l'appellation finale du flacon, L'ancien soleil est un disque qui respire, furète, gambade aux quatre vents.  Qui dit la sérénité sans béatitude et l'intensité sans affolement. Qui mêle clarté des lignes mélodiques et pureté des matières sonores. Aussi il pourrait être le cousin de Jean-Louis Murat, le frère de Bertrand Belin. Le noble artisanat de ce casanier au long cours continue ainsi d'avancer au diapason de son environnement.  A contre-courant des tumultes, des canevas technologiques et de l'urgence urbaine. Loin des modes ou des produits de série jetables.

 

Pour Yvan Marc, la chanson n'a jamais été une question de frime, de testostérone, ni même d'une course à l'ego. Peu enclin aux vanités, il préfère se retrancher dans sa tanière de la Haute-Loire. Introverti, rêveur, contemplatif. Et toujours animé d'un souci d'un transmissione (il poursuit à mi-temps son activité d'enseignant d'éducation socioculturelle en lycée agricole).

 

Les promenades en forêt ou au bord des rivières lui vont bien, elles nourrissent son inspiration. Un besoin vital de repères à l'image de cette cabane, située en altitude au sein d'un petit hameau de la forêt du Meygal, dans laquelle il se réfugie dès que possible.  La poésie inspirante du lieu a notamment ordonné la sensibilité paysagiste de l'album aux teintes folk intimiste Nos vies d'ours paru en 2016.

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Au fil du parcours, Yvan Marc a déjà placé son curseur à différentes échelles. Il a connu les élans gorgés de promesses d'un premier album (La cuisine en 2003), marché dans les pas de son pote d'enfance Mickey 3D (dont de nombreuses premières parties), signé en major chez Virgin deux ans plus tard (Des chiens, des humains), goûté à l'effervescence d'un plateau de Taratata avant de reprendre sa balade d'indépendance. Elle a belle allure, cette traversée prolifique qui alterne programmation classique et percées dans des lieux alternatifs comme des granges culturelles, cafés associatifs ou médiathèques. Parce que participer au rayonnement de la culture en milieu rural, dynamiser les villages isolés, c'est sa vocation de chanteur. Cette volonté d'aller là où le cœur le mène et d'assumer les singularités de son identité d'homme et d'auteur-compositeur, Yvan Marc l'a injectée à toutes les étapes de L'ancien soleil.

 

Fidèle invétéré du studio E d'Ecotay-l'Olme - il n'a jamais enregistré autre part que là-bas -  s'imprégnant de l'énergie irradiée par la nature alentour, il s'est entouré de solides équipiers capable d'exalter le meilleur de lui : Lauris Martin, batteur et complice de scène, le guitariste Rémy Peyrache, la chanteuse Cécile Hercule qui apporte un contrepoint féminin sur deux chansons aux lueurs amoureuses (Mon amour est si grand, Rendez-vous). Les retrouvailles avec l'ami Pascal Colomb, arrangeur et réalisateur, actées sur Nos dimanches il y a deux ans (le morceau d'ouverture Sous les gants a eu les honneurs de la playlist France) jouent les prolongations et se déploient même cette fois-ci à travers d'échanges sous forme d'aller-retour.

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Si Yvan Marc ne renonce en rien à ses obsessions, il élargit ici sa gamme chromatique de songwriter. Le sépia enveloppant du précédent album laisse place à des morceaux qui ont gagné en déclivités, en panoramas, en harmonies. S'y entremêlent senteurs boisées et fragrances électroniques, peintures au pastel et compositions fauves. D'une voix veloutée et constamment réconfortante, ce chantre des émotions intermédiaires déroule un autoportrait qui tire sa douce mais franche intensité (Ta douceur), impulse une mélodie futée pour encercler un triangle amoureux (Merci), une autre à la caresse primesautière (S'il te plaît), injecte une pop wizz (Le jardin), joue d'une tension contenue afin d'alerter sur l'état de planète (Qu'ont-ils fait ?).

 

Chaque morceau impose son âme propre, sa petite humeur, son espace défini. Il y aussi cette écriture agile, concernée, poétique qui convoque dans un même élan la Seconde Guerre mondiale et le sort des migrants (Je reviendrai) ou revient sur les traces de la débâcle de Russie (Tu m'attends). Il y a encore la redécouverte extatique des plaisirs simples et des éléments naturels (J'en ai rêvé), l'éclat apaisé de la filiation (La nuit est ainsi, titre où la voix de sa fille Antonia cajole le refrain). Il y a, enfin et surtout, un artiste arraché de la pesanteur du présent qui poursuit son idéal en musique.

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